Bouger pour mieux vieillir : une étude éclaire les bienfaits selon les types de pratiques physiques chez nos seniors

Contexte
Alors que le vieillissement de la population s’accélère inexorablement, Les Nations unies prévoient d’ici 2050 le doublement du nombre de personnes âgées (65 ans et plus) dans le monde, passant de 700 millions de personnes en 2020 à 1,5 milliard d’individus. Leur part dans la population mondiale augmenterait ainsi de 9 % à 16 %.
Avec la poursuite de l’allongement de l’espérance de vie, de nouveaux équilibres, auxquels les sociétés doivent s’adapter, viennent poser une question cruciale : comment rester en forme et préserver sa qualité de vie en avançant en âge ?
Quatre jeunes étudiants chercheurs belges[1] ont mené une étude auprès de 400 seniors[2] actifs âgés de 61 à 80 ans pour mieux comprendre l’impact du type et du volume d’activité physique sur leur santé.
Plusieurs études scientifiques reconnaissent l’activité physique depuis 2011 comme une thérapeutique non médicamenteuse. Ses bienfaits sont multiples, pratiquée de manière régulière, elle permet d’entretenir sa condition physique et de prévenir de nombreuses maladies (cardiovasculaires, diabète, certains cancers…) l’ostéoporose et les fractures. Ses effets positifs s'étendent aussi à la santé mentale et cognitive, sans oublier son rôle essentiel dans la création de liens sociaux et la lutte contre l'isolement.
Pour la personne âgée, adopter un mode de vie physiquement plus actif et moins sédentaire est une bonne stratégie pour lutter contre la fragilité (prévention primaire).
Nous souhaitons savoir quel est le type de pratique est à privilégier pour un vieillissement réussi chez nos seniors ?
L’étude distingue deux types de pratiques physiques :
- Monomodale : une seule activité ou plusieurs activités travaillant une des capacités physiques dominantes (ex. : l’endurance cardio-respiratoire pour la marche, natation).
- Multimodale : combinaison de plusieurs activités travaillant différentes capacités physiques dominantes (ex. : marche + Tai chi+ renforcement musculaire).
Fortes de leurs expertises dans le domaine des seniors et de l’activité physique, énéosport en collaboration avec la FFRS (Fédération Française de la Retraite Sportive), deux fédérations multisports agrées par leurs ministères, ont été le support de cette étude qui s’est déroulée dans les cercles sportifs sur différents territoires.
Méthode
Une batterie de test spécifique et adaptée aux seniors a été constituée pour répondre au mieux à la problématique de l’étude et évaluer l’ensemble des capacités impactant le bien-vieillir :
- L’endurance de base évaluée avec le test de marche 6 min
- La force des membres supérieur et inférieur, évaluée respectivement par le test de préhension et le test assis-debout de 30 secondes
- L’équilibre statique évalué par le test d’appui unipodal
- L’agilité et l’équilibre dynamique évaluées au cours du test en 8 entre deux cônes distants de 10 m
- La souplesse des membres inférieurs et du dos et la souplesse des épaules, évaluées respectivement par le test de flexion avant assis sur une chaise et le test gratte-dos de la batterie « Senior fitness test »
Cela a été accompagné d’un questionnaire global sur les habitudes de vie et de pratique d’activités physiques des seniors pour mieux comprendre le profil des participants.
Les données ont été classées selon leur type de pratique (monomodale vs multimodale) et volume d’entraînement hebdomadaire (< 300, 300-600, > 600 min/semaine), puis analysées via une analyse séparée par sexe et par décade (61-70 et 71-80 ans).
Résultats
Contrairement aux idées reçues, la pratique multimodale n’est pas systématiquement apparue comme supérieure à la pratique monomodale. Les bénéfices varient selon l’âge et le sexe.
Chez les femmes, la multimodalité semble plus bénéfique : elle améliore la souplesse (61-70 ans), la force musculaire des jambes (entre 71-80 ans), ainsi que l’énergie perçue et la vie sociale.
Chez les hommes, en revanche, aucune différence significative n’est pour l’instant observée sur la condition physique. Les hommes de 71 à 80 ans ayant une pratique monomodale déclarent une meilleure mémoire, concentration et énergie perçue.
Ces résultats sont toutefois à prendre avec précaution car l’effectif d’hommes et des sujets féminins et masculins ayant une pratique monomodale était relativement faible et doit être augmenté dans la suite de l’étude.
Endurance ou force ? Une nuance de plus
Concernant les effets comparés des activités axées sur l’endurance (ex : marche, vélo…) et celles centrées sur la force et les habiletés motrices (ex. activités gymniques…), les résultats montrent que les activités d’endurance offrent un léger avantage, notamment chez les femmes de 71 à 80 ans avec de meilleurs résultats concernant l’endurance, l’équilibre et l’agilité.
Concernant la qualité de vie, aucune différence n’a été observée pour les femmes entre les deux types de pratique, tandis que chez les hommes, le groupe pratiquant des activités d’endurance rapportait moins de limitations dans les activités quotidiennes.
Le volume d’activité, un facteur clé
L’étude montre que plus on bouge, mieux on se porte. Un volume élevé d’activité (plus de 600 minutes par semaine) est associé à une meilleure condition physique et qualité de vie :
- Meilleure endurance, force, équilibre et agilité chez les hommes de 71-80 ans.
- Amélioration de l’équilibre et de l’agilité chez les femmes de tous âges.
- Meilleur sommeil (de 61 à 70 ans chez les femmes), plus d’énergie perçue, moins de tristesse, et une meilleure perception de leur santé globale (également pour les plus de 70 ans).
Des recommandations personnalisées
Ces premiers résultats suggèrent qu’il n’existe pas de recette universelle. L’idéal ? Adapter l’activité physique aux préférences, à l’âge et au sexe de chacun, et pratiquer suffisamment. Pour les hommes, une activité simple et régulière peut suffire. Pour les femmes, varier les plaisirs et augmenter le volume semble plus efficace.
Un message clair : bouger, c’est vital !
Cette étude rappelle que l’activité physique, même pratiquée hors fédération, a un impact réel sur la santé et le bien-être de nos seniors. À condition d’y consacrer du temps, et de choisir ce qui nous plaît.
[1] Elio Staquet, Selen Vella, Jason Bondue et Elena Conter supervisés par leur professeure Malgorzata Klass – Faculté des Sciences de la Motricité Humaine de l’Université libre de Bruxelles
[2] En France et en Belgique